Quelle cadence d'échantillonnage en stabilométrie clinique ?

Pierre-Marie GAGEY

(30 juin 2011)

     Comme le dit très bien Maurice Ouaknine: «L'idéal serait une cadence infinie»

     Malheureusement elle est impossible. Donc toute cadence choisie ne sera jamais la cadence idéale...

Alors? Sur quoi s'appuyer pour décider d'une cadence?

     Les caratéristiques métrologiques des jauges de contrainte, comme par exemple «l’erreur maximale tolérée» (4.26 VIM*, 1999) d’évaluation des distances entre deux positions successives échantillonnées du centre de pression, ne sont pas une base de décision, contrairement à ce que certains pensent/pensaient. En effet

           - Si on prend une cadence qui tient compte de ces caractéristiques de telle sorte qu'on ne recueille aucune valeur aléatoire, alors on fait une erreur systématique impossible à éviter, qui provient de la négligence de tout ce qui n'est pas mesuré.

          - Si on prend une cadence supérieure aux caractéristiques métrologiques des jauges, alors on fait une erreur systématique qui provient de toutes les valeurs aléatoires recueillies.

          - Or on peut montrer que ces deux erreurs inévitables dans un cas comme dans l'autres sont pratiquement équivalentes.

     Les insuffisances de précision des paramètres statistiques (X-moyen, Y-moyen, Ellipse de position de P ou de G) ne permettent pas de fixer une cadence. Les calculs ont été faits entre une cadence de 5Hz et une cadence de 40HZ, l'imprécision ne dépasse pas quelques pour cents**.

     Les insuffisances de précision des paramètres fréquentiels (Spectre d'amplitude) ne permettent pas de fixer une cadence. Les calculs ont été faits entre une cadence de 5Hz et une cadence de 40HZ, l'imprécision ne dépasse pas quelques pour cents**.

     Les insuffisances de précision des paramètres dynamiques (Vitesse, Accélération) dépendent à l'évidence de la cadence d'échantillonnage. Elles pourraient donc aider à fixer une cadence. Malheureusement ces insuffisances sont encore insuffisamment étudiées!!!

     Les insuffisances de précision des paramètres dynamiques non linéaires (Pouvoir de prédiction, Lyapounov, Le Van Quyen, etc. ) sont encore insuffisamment étudiées.

ALORS???

     Il ME semble que nous devons reconnaître que, pour le moment au moins, nous sommes incapables de fixer une cadence sur des données rationnelles liées au traitement et/ou à l'analyse du signal. Ce qui donne un poids réel aux arguments pratiques: choisissons une cadence qui soit cohérente avec les conditions de la pratique clinique, que l'examen stabilométrique, INUTILE aux thérapeutes posturaux, mais PRÉCIEUX malgré tout, reste, dans ces conditions ambivalentes, POSSIBLE. C'est à dire ni trop long, ni trop cher.

     Ces arguments bassement pratiques ont déjà guidé nos choix en 1985 en faveur de l'Apple II*** contre le Lisa... Et j'ai la faiblesse de penser qu'ils ont fait le succès de la standardisation car alors elle était applicable.

     MAIS... cela ne nous dit pas quelle cadence! 40? 80? 100? 500? Plus? Les "constructeurs" ont sans doute une idée sur le type de matériel qui est "vendable"...

Bibliographie

* VIM international Vocabulary of metrology. ISO-IEC-BIPM, 1999
** Gagey P.M. Ouaknine M., Sasaki O. (2001) Pour manifester la dynamique de la stabilisation: la plate-forme AFP40/16. In M. Lacour (Ed.) Posture et équilibre. Nouveautés 2001, conceptuelles, instrumentales et cliniques. Solal, Marseille, 95-106.
*** Apple II coûtait environ 10.000,00 Fr à l'époque (1983), le Lisa 100.000,00 Fr.